L’univers sonore et engagé de Charlène Petit fondatrice de FILantropio

Charlène Petit a créé FILantropio, le premier podcast en français sur la philantropie. L’actualité philanthropique est décortiquée et la parole donnée aux personnes inspirées qui font bouger le monde. Sont ainsi mises en lumière les actions de celles et ceux qui questionnent notre quotidien par leurs actes engagés.

De son Québec d’adoption où le déconfinement a été repoussé au 26 mai, notre invitée se prête au je(u) du questionnaire de Proust et se confie sur la crise sanitaire, l’avenir de la philantropie, du « care« (1), le monde d’après. En ce dernier jour de confinement – même si celui-ci continue pour certain.e.s, ne l’oublions pas -, comment se dessine demain ? Comment gérer l’après ? Quel impact la crise sanitaire aura sur nos relations interpersonnelles, sur les (des)équilibres qui ne sont jamais apparus aussi criants qu’aujourd’hui ?

Je vous invite à découvrir son podcast « À travers mon filtre » (2) qui décrypte les enjeux de la crise sanitaire et ses conséquences sur le monde de la philantropie.

En attendant, parcourons ensemble le fil de ses réponses généreuses, éclairantes et inspirantes.

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Dans l’univers sonore et engagé de Charlène Petit, dessin © Émilie Pruvost

– Quel est votre état d’esprit actuel ?

– Je suis partagée entre l’espoir de voir émerger un nouveau projet de société où la
solidarité, la justice sociale et environnementale deviendront les nouvelles vertus
cardinales, et la désillusion de reprendre nos vies dans une totale amnésie de ce que le
confinement nous aura permis de prendre conscience individuellement et collectivement.

– Quelles sont les émotions entre lesquelles vous naviguez ?

– Tristesse de voir nos projets se retrouver à la merci du virus pour au moins les 12
prochains mois. Joie de ralentir nos vies. Peur d’avoir basculé durablement dans un
monde incontrôlable sur le plan sanitaire et climatique. Excitée par les nouvelles
opportunités offertes pour se/nous réinventer. Appréhension de voir cette parenthèse se
transformer en répétition.

– Une différence dans l’approche de la crise entre le Québec et la France ?

– Le Québec a réagi très tôt face aux menaces du coronavirus et a rapidement pris acte de
ce qui se passait en Europe. Contrairement aux Français, nous avons pu conserver une
certaine liberté de mouvement malgré le confinement. Bien sûr, beaucoup de salariés et
travailleurs autonomes ont été affectés par la crise. Pour pallier la hausse du chômage et
donner un peu de répit aux entreprises, le gouvernement a mis en place un généreux fil social et une offre de soutien financier pour favoriser la formation afin de mettre à profit cette période de ralentissement économique pour améliorer ses compétences.
Malheureusement, cette crise a aussi révélé, comme en France, le manque criant de
personnel et de moyens dans le système de santé.

– Quel est votre principal trait de caractère ?

– La résilience. Je me laisse parfois abattre mais je ne m’avoue jamais vaincue. Je suis
passée par quelques recommencements dans ma vie dont une reconversion de carrière.
Depuis, je rebondis comme un ballon gonflé à bloc !

– Et celui que vous appréciez chez les autres ?

– L’honnêteté, qui se traduit par le parler-vrai.

– Une rencontre philanthropique qui vous a marquée ?

– J’ai eu la chance de pouvoir rencontrer Alexandre Mars lors de la promotion de son
premier livre, « La révolution du partage », à Montréal. Il incarne pour moi la nouvelle
philanthropie, celle qui s’adresse à tout le monde et se pense d’une manière
entrepreneuriale. J’aimerais beaucoup l’accueillir dans mon podcast un jour.

– Une personnalité à l’humour contagieux ?

– J’aime beaucoup l’humour sans filtre de Blanche Gardin que je trouve d’une efficacité
redoutable parce qu’il s’appuie sur les névroses de l’âme humaine et de la société. Je suis
particulièrement friande d’humour noir et pince-sans-rire et quand il est délivré par une
femme aux apparences de pin-up rétro, c’est encore meilleur !

– Parmi les 5 sens, quel est celui que vous privilégiez/préférez ?
La vue pour apprécier toutes les beautés du monde et lire la bibliothèque d’une vie.

– Vous souvenez-vous de votre premier choc esthétique ?

– Je le situerais entre la découverte des primitifs flamands et celle de l’œuvre de Jérôme
Bosch pendant mes années d’étude en histoire de l’art.

– Quel est le philosophe dont la pensée vous inspire particulièrement ?

– Charles Pépin dont il faut absolument lire « Les vertus de l’échec », particulièrement en ces temps troublés. C’est un vulgarisateur hors pair. Il a d’ailleurs lancé son podcast en
collaboration avec Soptify. D’une manière générale, la pop’philosophie m’intéresse, tant
pour sa volonté de s’adresser à un public non averti que pour sa capacité à formuler des
questions philosophiques à partir d’éléments issus de la culture populaire de masse.

– Une devise, un leitmotif ?

-La vie appartient aux curieux. Je pense que la curiosité nous met en situation
d’apprentissage permanent et nous rend plus créatif. Développer notre appétence pour
tout ce qui s’offre sur notre chemin est une forme de soft skill très puissante.

– Quelle est votre façon de prendre soin de vous ?

– Essayer chaque jour de faire une pause dans mon quotidien pour effectuer une activité qui me fait du bien comme lire, pratiquer le yoga, écouter un podcast, regarder un replay de « La grande librairie », muscler ma créativité manuelle à défaut de faire du sport ! Bref,
n’importe quoi me permettant de me couper de l’impératif de performance.

– Et de vos proches ?

– En cultivant ma présence comme on cultive un beau jardin. Cela demande soin et temps.

– Une pépite artistique que vous suggérez de re-découvrir en ce moment ?

« Ma vallée » de Claude Ponti, pour ne jamais oublier l’enfant qui est en nous et la puissance de l’imaginaire, un rempart si précieux en ces temps de confinement.

– Un podcast hormis le vôtre que vous nous conseillez d’écouter ?

– Je recommande « Vlan! » animé par Grégory Pouy, le podcast pour mieux comprendre
notre société à travers le lien à soi, aux autres, à la nature. Les invités sont de haut
calibre et on y apprend toujours quelque chose. L’épisode #123 avec Emmanuelle Duez
sur l’injonction à l’engagement a particulièrement résonné en moi. Ce podcast est un
véritable extracteur à jus de cerveau. Allez-y les yeux fermés et ouvrez grand vos oreilles !

pêle mêle charlene petit
Le pêle-mêle inspiré de Charlène Petit – en haut à gauche, « La vierge du chancelier Rolin de Jan Van Eyck, musée du Louvre, © RMN – Hervé Lewandowski -« Le jardin des délices », panneau central de Jérôme Bosch, peint entre 1494 et 1505, Museo Nacional del Prado, Madrid – Blanche Gardin photograp© Carole Bellaiche
(1) Soin
Écouter le podcast filantropio sur instagram –  sur filantropio.com
(2) Ses podcasts « À travers mon filtre » décryptent l’actualité de la crise sanitaire et son impact sur le monde de la philanthropie :
Épisode 1 : Quelles seront les répercussions du Coronavirus sur la philanthropie ?
Épisode 2 : Que nous dit la tendance du « caremongering » sur les réseaux sociaux ?
Épisode 3 : Quelles sont les vraies questions que nous pose le coronawashing ?